- squatter
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• 1969; angl. amér. to squat1 ♦ Occuper illégalement (une habitation vide). — On dit aussi SQUATTÉRISER <conjug. : 1> . « l'immeuble vétuste dont les bohémiens avaient squattérisé le sous-sol » (Le Clézio).2 ♦ Monopoliser, occuper indûment. Le chat squatte le fauteuil.squatter squatteur ou squatter [ skwatɶr ] n. m.• 1827; angl. amér. squatter, de to squat, proprt « s'accroupir, se blottir »1 ♦ Aux États-Unis, Pionnier qui s'installait sur une terre inexploitée de l'Ouest, sans titre légal de propriété et sans payer de redevance.2 ♦ (1946) Anglic. Personne sans logement qui s'installe illégalement dans un local inoccupé.squatterv. tr. Occuper illégalement un logement vacant.I.⇒SQUATTER1, subst. masc.A. — HISTOIRE1. [Aux États-Unis] Pionnier qui s'installait sans titre de propriété et sans payer de redevance sur les terres encore inexploitées de l'Ouest. [Au XVIIIe s.] les espaces continentaux, plus difficiles à pénétrer, ne s'ouvraient que lentement. Les Canadiens atteignaient le lac Winnipeg (...). Aux États-Unis, les squatters entraient dans les plaines de l'Ohio (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 4).— Occupant d'un habitat précaire qu'il a installé sans titre légal dans un terrain vague d'une zone urbaine. Le gratin [new-yorkais des années 1900] abandonne définitivement le genre bourgeois et bâtit ce que l'on est convenu d'appeler le style château (...) dans des terrains vagues rocheux, d'où les entrepreneurs chassent les squatters irlandais; ces terrains vont devenir Central Park (MORAND, New-York, 1930, p. 119).2. [En Australie] Éleveur de moutons qui pâturait des terrains jusque-là inoccupés moyennant le paiement d'une redevance au gouvernement. Ses prairies [du vaste territoire de Murray] seront livrées [un jour] au troupeau du squatter; mais jusqu'ici c'est le sol vierge, tel qu'il émergea de l'océan Indien, c'est le désert (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 168).B. — P. anal. (avec supra A 1), cour. Occupant sans titre d'un logement, d'un local, d'un emplacement vacant. Un beau matin, dans moins d'un an, les Halles de Paris fermeront à jamais. Mais l'intendance n'a pas suivi. Cela fait neuf ans que l'on cherche vainement à combler ce vide où, demain, squatters et clochards pourraient s'installer (L'Express, 19-25 févr. 1968, p. 31, col. 1).— En appos., p. métaph. L'imagination s'excite devant toute exception. Elle se complaît à ajouter des ruses, des savoirs aux habitudes de l'oiseau squatter [le coucou] (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 122).Prononc. et Orth.:[
], [-
]. Lar. Lang. fr. mentionne l'existence d'une graph. squatteur. V. aussi CATACH-GOLF. Orth. Lexicogr. 1971, p. 304. Étymol. et Hist. 1. a) 1827 « pionnier qui s'installe aux États-Unis, sur des territoires non encore occupés » (J. F. COOPER, La Prairie, I, 130 et note 2 ds HÖFLER Anglic.); b) 1854 « propriétaire de troupeaux jouissant d'un droit de pâturage accordé par le gouvernement australien sur de vastes terrains » (Hist. de la découverte de l'or en Australie, in trad.: Mgr R. SALVADO, Mém. historiques sur l'Australie, p. 397, note ds QUEM. DDL t. 13); c) 1930 (cf. supra A 1 b) (MORAND, loc. cit.); 2. 1946 « personne occupant illégalement un logement vacant » (L'Aurore, 13 sept., 2g ds HÖFLER Anglic.). Empr. à l'angl. squatter att. au sens 1 a en anglo-amér. dep. 1788 (NED, Americanisms, DAE), au sens 1 b dep. 1830 (NED Suppl.2) et au sens 2 dep. 1880 (ibid.). Squatter est dér. de to squat « abaisser, écraser », réfl. au sens de « s'accroupir », d'où « s'installer sans titre légal sur un terrain inoccupé » (1800, NED, Americanisms, DAE), verbe issu de l'a. fr. esquater ou esquatir « briser » dér. de quatir « enfoncer, cacher » et « se cacher, se blottir » (v. FEW t. 2, p. 812b; GDF.; T.-L., s.v. catir). Fréq. abs. littér.:29. Bbg. BONN. 1920, p. 142.
II.⇒SQUATTER2, verbe trans.S'installer illégalement dans un local vide, dans un immeuble inoccupé ou promis à la démolition, lorsqu'on est sans abri. Ailleurs, les palais des maharajahs ont été transformés en hôtels de luxe. A Bénarès, ils sont squattés par les pauvres (Télérama, 2 juill. 1986, p. 12, col. 3).— Part. passé en empl. adj. Des immeubles squattés, sans eau ni électricité (Libération, 28 oct. 1984, p. 15, col. 3).— P. anal. Occuper indûment une place, un lieu. C'était le 1er février... 1954... (...), l'abbé Pierre squattait les radios (...) pour lancer un appel devenu célèbre (Libération, 27 janv. 1986, p. 4, col. 2). Il y a ceux [les plus malins], comme ce jeune cadre dont la BMW squatte un passage clouté rue de Rennes, qui glissent eux-mêmes un vieux PV sous leur essuie-glace dans l'espoir de berner les contractuelles (L'Événement du jeudi, 15 mai 1986, p. 64, col. 2).REM. 1. Squattériser, verbe trans., synon. de squatter. [Depuis quelques années, une nouvelle main-d'œuvre étrangère] passe pour avoir l'habitude de « se débrouiller ». Elle « squattérise » des immeubles en démolition, on la chasse, elle « squattérise » d'autres immeubles, et ainsi de suite (Le Nouvel Observateur, 14 déc. 1966, p. 20, col. 3). P. anal. Squattériser une salle de cours. Avant, je campais au cinquième étage. J'avais même pas une chaise pour m'asseoir. J'étais obligée de squattériser les places abandonnées, le temps d'une pause pipi ou café, par des collègues mieux lotis (Le Monde, 4 mai 1985, p. 24). [Au part. passé p. méton.] Ce qu'ils peuvent être dégueulasses les jeunes (..). Sales, déjetés, je-m'en-foutistes, désordonnés (...). A Amsterdam, Stockholm, Zurich et Londres, on n'entend que ça, la complainte des parents squattérisés, pillés, dévastés, par ces hordes débraillées (Le Monde, 7 mai 1985, p. 48, col. 1). 2. Squattérisation, subst. fém. Fait de s'installer illégalement dans un local vide, un immeuble inoccupé lorsque l'on est sans abri. La « squattérisation » n'est pas un phénomène propre à Paris (...). Partout, la « colonisation » (...) de locaux vides par des personnes qui n'y ont aucun droit accompagne les crises du logement (Le Point, 5 déc. 1977, p. 109, col. 2).Prononc.:[skwate], (il) squatte [skwat]. Étymol. et Hist. 1969 (Le Monde, 1er févr., 4c ds HÖFLER Anglic.). Formé sur squatter1 ou empr. à l'angl. to squat qui n'est cependant att. à l'empl. trans. dans ce sens que dep. 1975 ds NED Suppl.2, le lieu occupé étant gén. désigné par un compl. prép. alors que l'empl. trans. ou réfl. admet gén. un compl. d'obj. désignant une ou des pers. qu'on installe ou qui s'installent illégalement (v. NED Suppl.2, DAE et Americanisms).ÉTYM. 1835, squatter; squatteur, fin XIXe, A. Daudet, au sens 1; mot de l'angl. des États-Unis, dér. de to squat, au sens propre « s'accroupir, se blottir » (XIIIe), de l'anc. franç. esquatir, esquater « aplatir, écraser ».❖♦ Anglicisme.1 Hist. Aux États-Unis, Pionnier qui s'installait sur une terre, sans titre légal de propriété et sans payer de redevance, dans les régions encore inexploitées de l'Ouest.1 (…) il avait, à vingt ans, émigré en Amérique, s'était fait squatter dans le Far-West, puis avait fondé un comptoir au Sénégal (…)Maurice Garçon, la Justice contemporaine, p. 406.♦ (1854, in D. D. L.). Hist. En Australie, Propriétaire de troupeaux de moutons occupant par droit de pâturage des terrains sans propriétaires.2 (1948). Personne sans logement qui s'installe illégalement dans un local inoccupé. || Occupation par des squatters d'un local, d'un immeuble abandonné. ⇒ 2. Squat. — Le fém. squatteuse est inusité.2 (…) avoue que le roman est ailleurs, que tu n'as fait, bernard-l'hermite, que te loger comme un squatter dans la coquille d'autrui.Aragon, Blanche…, p. 495 (1967).————————2. squatter [skwate] v. tr.ÉTYM. 1969, le Monde; francisation de to squat ou dér. de 2. squat.❖♦ Anglicisme.1 Occuper illégalement et sans payer (un local, une habitation vide). || S. D. F. qui squattent les caves d'un immeuble. — Au p. p. || « Un immeuble “squatté” est une maison vide, qu'on occupe sans payer : pratique qui s'est répandue depuis deux ans » (l'Express, 24 nov. 1979, p. 159).♦ Fam. Occuper en parasite (un local). || Squatter l'appartement d'un copain. — Absolt. || Cet été, il squatte chez son oncle.REM. On trouve aussi la forme squattériser (1972) et son dérivé squattérisation, n. f. (le Nouvel Obs., 13 avr. 1974, p. 47). — Par ext. (d'un terrain). || « Il a laissé les plus pauvres “squattériser” d'immenses terrains libres » (le Nouvel Obs., 7 mars 1977, p. 48).2 Fig. Monopoliser, occuper de manière continue. || « John Lennon est mort assassiné il y a vingt ans et ses tubes continuent de squatter les ondes du monde entier » (l'Express, 21 déc. 2000, p. 113).
Encyclopédie Universelle. 2012.